Aujourd’hui, à l’invitation de Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse et Président de Toulouse Métropole, l’ensemble des élus métropolitains, des maires des communes membres de Toulouse Métropole et des élus de leurs Conseils municipaux, a rendu hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, en présence de Pascal Mailhos, Préfet de la Région Midi-Pyrénées, Préfet de la Haute-Garonne, Martin Malvy, Président du Conseil Régional de Midi-Pyrénées et Georges Méric, Président du Conseil Départemental de la Haute-Garonne.
Dans le discours qu’il a prononcé en ouverture à 15h, Jean-Luc Moudenc a appelé à mettre un terme à la cacophonie diplomatique aux Proche et Moyen-Orient.
Dans cette optique, il a proposé de prolonger d’une journée la COP 21 qui est maintenue à Paris à la fin du mois, afin de permettre aux dirigeants du monde entier de prendre des décisions à l’échelle internationale dans la lutte contre la menace terroriste.
Enfin, Jean-Luc Moudenc a réaffirmé sa volonté de faire vivre l’Union nationale autour du Chef de l’Etat et du Gouvernement.
Dressé au plus haut niveau, par le Président de la République lui-même, ce constat fait l’unanimité.
C’est certes une guerre d’un nouveau genre, mais c’est une guerre. Au lieu de prendre la forme d’une armée qui pénètre notre territoire progressivement depuis nos frontières, cette armée est constituée de petits groupes assoiffés de sang qui vont et viennent sur notre sol clandestinement.
Ce n’est pas parce que nous n’avons jamais connu cela dans notre histoire que nous devons considérer que ce n’est pas une armée.
C’est une armée du XXIème siècle. Au XXème siècle, nous avions hélas découvert les massacres de masse. La transition entre le XXème et le XXIème a été marquée par la montée en puissance de la communication.
Cette nouvelle armée est on ne peut plus actuelle : elle cumule goût pour les massacres de masse et maîtrise virtuose de la communication au service de sa cause.
C’est face à cette armée là que nous sommes.
« Nous sommes en guerre », ce n’est pas une expression banale. Elle est gravissime, exceptionnelle.
Prenons-nous la mesure et la portée réelle de ces mots, si vrais et si terribles à la fois ?
L’expression « Nous sommes en guerre », nous l’avions déjà entendue après les attentats de Paris, il y a 10 mois à peine.
Quelles conséquences en avons nous tirées ?
Qu’avons nous fait depuis ?
Ces questions, on pourrait se les poser également à l’évocation, particulièrement douloureuse ici à Toulouse, des tueries de mars 2012.
Certes, le drame national que nous éprouvons à nouveau depuis vendredi soir donne lieu à une saine réaction républicaine.
C’est bien. C’est même indispensable.
Réaffirmer les valeurs de la République, redire l’importance du vivre ensemble, exprimer notre attachement à la laïcité, tenter l’unité nationale de toutes les forces démocratiques, oui tout cela est positif, nécessaire et même réconfortant.
A mon tour, j’y prends ma part maintenant, certain de traduire vos sentiments unanimes, par delà la diversité de l’assemblée inédite que j’ai voulu réunir ici dans ces circonstances.
Mais, mes Chers Collègues, faisons attention.
Oui, faisons attention parce qu’il y a 10 mois, nous exprimions pareillement ces valeurs fortes et ces points d’ancrage fondamentaux.
Il y a 10 mois, entre nous, nous étions tous « Charlie ».
Mais, nous le savions même si cela nous dérangeait, tout le monde n’était pas « Charlie ».
Et voilà que l’histoire se répète, avec une plus grande ampleur encore, répandant le sang, la douleur et le malheur.
Certes, la République est forte et elle n’abdiquera pas.
Je n’ai pas d’inquiétude là-dessus.
Mais la République doit des résultats au peuple qui l’a choisie.
Pour lutter contre le terrorisme, il faut des actes maintenant.
Pas seulement des proclamations, pour indispensables et sincères qu’elles soient. Il faut des actes concrets, efficaces, adaptés à la situation exceptionnelle que nous subissons.
La guerre que nous livrons contre la barbarie et le terrorisme, nous la faisons, certes, sur le théâtre extérieur, en intervenant en Syrie et en Afrique contre l’Etat Islamique, Al Quaeda et leurs alliés.
Mais, il y a aussi le théâtre intérieur, ici, parmi nous, sur le sol national. C’est un ennemi sans visage, sournois, dispersé, mais pas moins implacable, pas moins meurtrier, nous le voyons bien.
Je pose la question : la République s’est elle dotée des armes adéquates pour le traquer, le combattre et l’anéantir ?
Car on ne fait pas la guerre contre un adversaire si féroce, si particulier et si anonyme, avec les armes du droit commun. Nous ne voulons pas d’un combat inégal, la République, et ses loyaux citoyens avec elle, étant placée dans un état d’infériorité, face à ceux qui sont sans foi ni loi !
Conférons à la République davantage d’autorité. Faisons confiance aux Institutions républicaines-piliers que sont la Justice et la Police. Le renforcement des mesures prises ces dernières années, et plus encore ces derniers mois, pour lutter contre l’islamisme radical, est une réalité. Mais, la tragédie du 13 novembre en révèle l’insuffisance. Et ce, malgré l’engagement des professionnels de la sécurité, qui ont tout mon soutien.
Il faut aller plus loin, frapper plus fort, et avec davantage de moyens, tant l’enjeu est fondamental pour la France et les Français.
Et, à l’évidence, mettre davantage encore le paquet sur le renseignement.
A adversaire exceptionnel, moyens exceptionnels !
J’émets le vœu, solennel, que les forces démocratiques de notre pays, la Majorité et l’Opposition, construisent un consensus intelligent et responsable, sans polémique et sans excès, sur ce sujet de la lutte contre le terrorisme djihadiste.
Et que cela se traduise vite dans la loi, le règlement et les actes.
A la Majorité d’être ouverte et de ne pas céder à la tentation de la récupération.
A l’Opposition d’être constructive et d’écarter la surenchère démagogique.
Si les forces politiques responsables et expérimentées - ce que l’on appelle « les partis de gouvernement » - ne sont pas capables de mettre au point ce nouvel arsenal pour en finir avec le djiadisme, alors je crains de sombres lendemains.
Je crains que nos concitoyens se laissent abuser par ceux qui tiennent le discours de la haine, par ceux qui, extrémistes de toujours, se parent aujourd’hui des habits trompeurs d’une nouvelle respectabilité de façade purement électoraliste.
Je redoute que s’imposent des vociférations plutôt que de vraies solutions, que triomphe la logique de la peur plutôt que celle de la raison.
Et oui, nous les voyons bien ceux qui vivent du malheur des gens, qui exploitent les tragédies de l’actualité, les dangers d’un monde qui bouge à toute vitesse, les interrogations angoissées sur l’avenir.
Face à cette montée populiste et nationaliste, nous serions condamnés à l’impuissance si nous nous contentions d’opposer de beaux et bons principes, des discours généraux et généreux.
Oui, notre compassion est bienvenue mais elle est insuffisante.
Il faut agir !
François Mitterrand disait : « Dans les épreuves difficiles, on ne franchit correctement l’obstacle que de face ».
Agir, à l’intérieur, mais aussi sur le terrain, en Syrie, et par des initiatives diplomatiques, est bien évidemment indispensable.
L’adresse du chef de l’Etat au Congrès et la séance de notre Parlement national ainsi exceptionnellement rassemblé, tracera tout à l’heure, j’en suis certain, les perspectives nouvelles et fortes qui sont nécessaires.
Sur le plan diplomatique aussi, nous devons revoir certains de nos positionnements, sans chercher à faire entendre à tout prix notre « petite musique ».
Sur cet aspect si capital, je vous ferais part simplement de deux convictions totalement personnelles :
Dans deux semaines, les dirigeants du monde entier seront réunis à Paris pour traiter du réchauffement climatique, question dont l’enjeu est, nous le savons, d’une importance capitale.
Je fais une suggestion : pourquoi ne pas prolonger d’une journée ce sommet pour prendre des décisions sur le péril immédiat que constitue, à l’échelle internationale, la menace terroriste islamiste ?
Tout à l’heure, je mettais en garde nos concitoyens contre les discours trompeurs des forces extrémistes.
Avec la même force, je veux alerter nos concitoyens de confession musulmane contre le mensonge que profère Daesh lorsque, dans son odieux communiqué de revendication des crimes de vendredi, il se pose en défenseur des musulmans de France.
Froidement, Daesh, lui aussi, utilise les difficultés sociales, d’insertion et d’emploi de certains de nos concitoyens en perte de repères et en mal d’espoir pour leur avenir.
Face à des dérives racistes, elle exalte un autre racisme, anti-occidental, d’une virulence extrême, qui ne fait qu’aggraver les situations et exacerber l’intolérance.
Avec justesse, Hakim El Karoui écrit ce matin : « La France est en guerre contre Daesh. Mais, elle n’est pas en guerre contre l’Islam ni contre les Musulmans. Bien sûr, des voix généreuses vont s’élever pour s’inquiéter de l’amalgame. Bien sûr, des musulmans vont se plaindre de l’islamophobie. Bien sûr quelques mosquées vont êtres salies avec des graffitis hostiles. Mais, contrairement aux idées reçues, les Français savent très bien faire la part des choses ».
La religion musulmane a toute sa place dans notre société, à la condition, non négociable, de s’insérer pleinement dans le Pacte républicain et, en tant que telle, de ne pas prétendre au pouvoir politique.
A nous tous d'aider à cette évolution dont la clé, bien sûr est détenue par nos compatriotes de religion musulmane eux mêmes.
Eux aussi ont eu leurs morts, victimes du terrorisme fondamentaliste qui dévoie leur religion. On l'a vu en mars 2012 comme en janvier de cette année et encore cette fois ci, le 13 novembre.
Car, plus encore que les deux fois précédentes, les tueries du 13 novembre ont frappé, non pas telle ou telle catégorie de personnes, mais bien l'ensemble du peuple français, l'ensemble de la société française, indistinctement, dans des lieux de grand rassemblement. Où se mélanger davantage que dans un stade autour d'un match, dans une salle de spectacle accueillant un événement culturel, ou à la terrasse d'un café très fréquenté ?
En évoquant ces lieux ensanglantés, permettez moi d'exprimer une pensée émue pour les victimes, celles dont la vie a été brutalement arrêtée, celles qui souffrent de leurs blessures, et pour les familles endeuillées ou éprouvées.
Je veux aussi rendre hommage aux forces de l'ordre, aux soignants, aux personnes qui accompagnent ceux qui sont dans la souffrance.
Confucius a dit : « notre plus grande gloire n'est point de tomber, mais de savoir nous relever chaque fois que nous tombons ».
Nous voici donc tous convoqués pour choisir la volonté, la détermination, l'action, le courage.
Parce que nous entendons rester des hommes et des femmes libres, nous ne nous résignons pas à la mort et nous refusons la dictature de la peur.
Parce qu'avec Charles de Gaulle nous savons que « la fin de l'espoir est le commencement de la mort », nous prenons résolument le parti de l'espoir.
Pour avancer dans ce chemin, alors que l'heure est grave, notre devoir s'appelle le rassemblement.
L'histoire du grand peuple que nous sommes nous enseigne qu'il faut être rassemblés pour pouvoir faire de grandes choses.
Alors, soyons à la hauteur de l'enjeu. Rassemblons-nous !
Soyons unis autour du Président de la République et du Gouvernement, en communion avec la Représentation nationale.
Vive la République !
Vive la France.